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Des questions ?

Bienvenue sur ce blog, réalisé à l'occasion de l'exposition Jeu de construction, à la Galerie des enfants du Centre Pompidou, du 16 février au 9 mai 2005.

Grâce à ce blog, j'espère vous permettre de mieux comprendre mon travail, et surtout avoir la possibilité de dialoguer avec vous, et recueillir vos impressions.

Paul Cox

 

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3 mars 2005 4 03 /03 /mars /2005 00:00


Voici quelques indications supplémentaires donc, comme promis, sur Friedrich Froebel que j'évoquais hier.



J'ai lu à son sujet un livre tout à fait passionnant, de Norman Brosterman, intitulé "Inventing Kindergarten" et publié il y a quelques années chez Abrams (Brosterman est architecte, je crois, passionné de jeux de construction, qu'il collectionne, et il a organisé au CCA - Centre for Canadian Architecture - de Montréal une exposition sur ce sujet joliment intitulée "Architecture potentielle". Dans le catalogue de cette exposition figure entre autres un jeu ancien que je trouve génial, une sorte de Meccano équipé d'un outillage simple permettant à l'enfant de construire ses propres modules - un jeu de construction, en somme, à construire soi-même).

La thèse de Brosterman dans "Inventing Kindergarten" (je la résume rapidement et sans la précision qu'il faudrait), c'est que tout le modernisme est issu de l'héritage froebelien, ses principaux acteurs appartenant à des générations susceptibles d'avoir reçu son enseignement. S'appuyant sur certains témoignages, tel celui de Frank Lloyd Wright qui dit l'importance qu'a eue sur sa formation le jeu avec les volumes simples du Jardin d'enfant, Brosterman juxtapose des travaux d'écoliers (assemblages de gommettes, tissages de papiers, papiers perforés etc.) et des oeuvres beaucoup plus tardives d'artistes tels Mondrian, Kandinsky, Albers, Klee - dont les premiers, datant pour certains des années 1850, sont souvent et spectaculairement proches.
Je ne sais pas ce qu'il en est de Cézanne mais son fameux conseil "Traitez la nature en terme de sphères, de cylindres et de cônes" pourrait bien être d'un amateur de jeux de construction.
Et dans la série souvenirs marquants de lecture, entamée hier, j'aimerais citer l'inoubliable "Petzi construit un bateau" qui a eu sur mon goût de construire une influence fondatrice (j'avais la plus vive admiration pour le débitage des cocotiers en rondelles qui devenaient des roues). Et je trouvais cela aussi beau que les petites maquettes égyptiennes qui à cette époque étaient mes oeuvres préférées du Louvre.





Aujourd'hui, j'ai commencé à me poser sérieusement les questions techniques liées à mon projet de "Toile de Jouy" qui doit être prêt pour une exposition le mois prochain. Cette exposition est à l'initiative de Pierre di Sciullo qui a invité à exposer à ses côtés, à la Ferme du Buisson à Noisiel, Maria Arnold, David Poullard, des étudiants des Arts-déco de Strasbourg et moi-même. Pierre a choisi pour titre de l'exposition "Ecrire à voix haute". J'ai beaucoup réfléchi à ce titre. Comment y répondre? Un hasard de promenade me mena ces jours-là sur les quais longeant la Seine à la hauteur du Louvre - or se trouvent là de beaux arbres, dont j'ignore l'essence, dont le tronc est blanc comme celui des bouleaux (ce n'en sont pas), et qui sont couverts d'inscriptions amoureuses, dates, coeurs, aveux, noms, dans toutes les langues.




Qu'écrire plus volontiers à voix haute qu'une déclaration d'amour, qu'elle soit partage ou souhait?

Je tenais mon idée.
Je me suis dit qu'en photographiant l'arbre sur tout son pourtour (j'aurais pu faire un frottage, aussi, avec du fusain ou de l'encre sur un papier fin, mais techniquement c'était moins simple, et moins confortable en hiver!) et en mettant bout à bout les prises de vue j'obtiendrais une image en boucle que je pourrais utiliser comme module de base pour un papier peint.



Je décidai de l'appeler simplement Toile de Jouy, pour la joliesse tout à fait opportune du nom d'une part, et d'autre part pour ma fascination de toujours pour ces somptueuses toiles imprimées.




Aujourd'hui, donc, je me suis mis à tester la technique que j'utiliserai pour peindre les grandes taches roses sur les modules (j'ai choisi comme support une épaisse toile de coton, d'un beau blanc chaud, émaillé de petits points sombres qui ressemblent à de la vanille dans de la crème). Mais catastrophe: mes premiers essais fripent terriblement la toile




- je sens que je vais devoir faire mille essais pour arriver à mes fins. Aussi interromps-je ici la livraison de ce jour, en promettant de vous donner des nouvelles du fripage demain, et non sans vous proposer l'édifice du jour:




A demain.







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2 mars 2005 3 02 /03 /mars /2005 00:00
Couru dans tous les sens aujourd'hui, perdu à vrai dire pas mal de temps, en tout cas je me sens assez comme le lapin d'Alice



(Carroll étant, est-il besoin de le préciser?, un autre de mes chéris, et puis il y en a un autre encore, mais j'en parlerai un autre jour, c'est Edward Lear).

A propos de Carroll, un des livres qui ont beaucoup marqué mon enfance, c'est "La Logique sans peine", dans la jolie édition avec les images de Max Ernst, dont voici la couverture



(dont je gardais le souvenir qu'elle était vert sombre - mais je confonds peut-être avec les immenses buvards marqués de motifs à la Ernst que mon père utilisait pour sécher l'encre des partitions qu'il mettait au propre le soir - il est compositeur).

Et à propos de lapin, j'ai beaucoup dessiné et utilisé le personnage ci-dessous



nommé Krolik, en hommage au Dr Krolik (ce qui veut dire lapin en russe), personnage d'un de mes romans favoris, Ada, de Nabokov (où figure d'ailleurs l'une des descriptions les plus évocatrices et les plus magiques que je connaisse, celle de l'"Auberge des chasseurs enchantés", à laquelle je pense à chaque fois que je vois une maison aux fenêtres illuminées, la nuit, dans la campagne). Sur ce jouet (une sorte de pantin: les jambes et les bras s'agitent quand on tire sur la ficelle), j'ai collé un cartouche en haut à gauche avec ces mots du Faust de Goethe: "Instant arrête-toi, tu es si beau" (et ceci me rappelle cet amusant paradoxe proposé par je ne sais plus quel philosophe: "Instant, arrête-toi un instant"!). Le titre du roman de Nabokov, qui est aussi le nom de son héroïne, est évidemment, cela ne vous aura pas échappé, un joli palindrome.

Or il se trouve que j'ai mis en scène le personnage de Krolik dans un petit livre-palindrome, intitulé "Krolik is hungry" (Krolik a faim), livre bilingue anglais-japonais qui se lit du "début" à la "fin" (selon nos habitudes occidentales) pour la version anglaise, inscrite dans des bandeaux en bas des images, et de la "fin" au "début" pour la version japonaise, apparaissant en haut des images.



L'histoire est symétrique, s'inversant en miroir autour d'un point central (elle raconte l'impatience de Krolik devant la croissance trop lente des carottes dont il raffole; estimant qu'elles poussent de manière peu aérodynamique - leur pointe effilée vers le bas et le gros bout vers le haut, ce qui expliquerait leur lenteur - il décide d'aller voir ce qu'il en de l'autre côté du globe, dans l'espoir que leur disposition y soit inversée. Déception, sur place, de constater qu'il n'en est rien, et morale de l'histoire: "patience is the remedy").

Enfin, à propos de lapins, un autre livre favori de mon enfance était Les Histoire de l'oncle Rémus, avec de belles images à la gouache et un splendide lapin sur la couverture. Quand j'étais enfant, je croyais que le lapin était le roi des animaux, sans doute à cause d'une proximité phonétique dans ma langue maternelle, le néerlandais, entre le mot "konijn" (=lapin) et "koning" (=roi).
Et maintenant, par goût des contrastes, voici d'autres petites bêtes que j'aime bien, à cause de leur splendide couleur (pas de chance, mes photos sont en noir et blanc - mais elles sont, croyez-moi, d'un orange absolument somptueux), à cause de leur calme (qui n'est peut-être qu'apparent - difficile d'estimer la nervosité d'une limace), enfin à cause de la jolie manière qu'elles ont de laisser derrière elles une trace argentée de leur passage, dessinant sur le sol des forêts où je les rencontre d'élégantes cartographies.



Et puis je trouve touchante la petite selle qu'elles portent sur le dos, comme en attente d'un cavalier qui au galop préfèrerait une très lente flânerie.

J'ai rendu hommage à ces paisibles bêtes - ou plutôt à leurs cousines les escargots - dans un flipbook nouvelle vague intitulé "Carpe Diem" dont voici un extrait (précédé et suivi, dans le volume entier, de très nombreuses pages blanches où il ne se passe donc rien).



J'en profite pour vous montrer un extrait de cet autre ouvrage où il est question de temps également, c'est un autre flipbook, intitulé celui-ci "Un livre flippant"




Je voulais parler encore de quelque chose qui me tient à coeur et qui m'a beaucoup inspiré pour l'exposition: les "Dons" du pédagogue Froebel. Froebel, qui vivait dans la première moitié du XIXème siècle et fut l'inventeur du "Kindergarten", le jardin d'enfant, avait conçu tout un matériel pédagogique de complexité croissante, qu'il appelait les "Dons" (Don n°1, Don n°2 etc., je crois qu'il y en avait une vingtaine) dont voici le premier




(l'original est en bois, contenu dans la petite boîte qui en constitue la base). J'arrête là, c'était juste pour vous intriguer, je poursuivrai le feuilleton Froebel demain. Mais avant d'arrêter, la construction du jour, ce merveilleux géant de bois.




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28 février 2005 1 28 /02 /février /2005 00:00
En début cette fois-ci, plutôt qu'en conclusion, ce bel assemblage de mousses (comme les ordinateurs de l'exposition s'affichent, au repos, sur le début de page, cela fera une belle note colorée sur le mur).



Quelques jours de travail intense (sur les dessins animés et sur ma "Toile de Jouy") ont suffi à réinstaurer un beau désordre dans l'atelier (je dis "beau" à dessein et au sens littéral, car je le trouve en effet assez beau):




En réalité ce n'est pas vraiment un désordre mais plutôt un ordre plus compliqué, dont je ne perçois pas au premier coup d'oeil la logique. Cela demande quelque entraînement pour s'y retrouver - entraînement que je pratique volontiers quand je regarde au dehors en rêvassant. Par exemple la vue de ma fenêtre, que je montrais hier de nuit - la voici photographiée en plein jour:




- vue assez complexe, dont je m'amuse souvent à repèrer les constantes, les rythmes, les "patterns". Par exemple des diagonales penchées à gauche, à droite, ou de grandes horizontales.




C'est un exercice très amusant (un peu comme quand, occupé d'un sujet qui vous tient à coeur, il arrive qu'on le trouve évoqué partout, dans la moindre lecture, dans la moindre conversation). J'ai trouvé un énoncé très similaire de cette pratique dans un joli livre de l'artiste Claire-Jeanne Jézéquel destiné aux enfants (malheureusement je n'en retrouve pas pour l'instant le titre ni l'éditeur), plein de choses du même genre pour apprendre à mieux percevoir les formes.

J'ai toujours l'impression, quand je regarde les paysages ainsi, de vivre dans un monde de trames superposées et entrecroisées, comme au milieu d'une collection imbriquée de jeux de construction de marques différentes, Lego, Meccano etc.



C'est pourquoi j'aime tant par exemple les dessins de Van Gogh, notamment ses paysages de Montmajour, où l'on trouve une infinie diversité de trames faites de points, de petits traits, de virgules, de hachures, ou encore de Shitao, dont voici le détail d'un de ses plus fameux paysages




(à propos de Shitao, Pierre Ryckmans a cette jolie phrase: "il convoque le réel", qui me fait penser à celle-ci, de Serge Daney, pour qui la "création" artistique consiste à "inventer ce qui existe").

Plus près de nous, Jason Rhoades, Tomoko Takahashi, Sarah Sze, Chris Burden et ses planètes faites de maquettes agglutinées et de chemins de fer miniatures, ou Tinguely, me réjouissent tous par leur profusion et leur apparent désordre.
Le sociologue Jean-Paul Filiod, dans son joli livre "Le désordre domestique", observe la fréquence de la phrase "Ne faites pas attention au désordre" prononcée lorsque sont accueillis des visiteurs; pour lui l'ordre est provisoire, le désordre l'état naturel. On n'est pas loin de l'entropie qu'a étudiée l'artiste américain Robert Smithson (le sous-titre du livre de Filiod dit d'ailleurs "Essai d'anthropologie", qui m'a inspiré le mauvais jeu de mot d'"entropologie" pour titre de cette livraison).
Smithson trouve aussi sa place dans ma rêverie du soir à un autre titre, puisqu'il considérait (ainsi que le cite Jean-Pierre Criqui dans son livre "Un Trou dans la vie") le langage comme un véritable matériau à assembler. L'alphabet comme jeu de construction, le plus beau des jeux de construction...
Je me suis pour ma part amusé à inventer plusieurs alphabets fictifs, comme celui-ci, dans mon petit livre "A Cyphered message",



qui permet d'écrire une phrase comme celle-là




(il faut épeler la phrase dans l'ordre des numéros).

Un autre exemple:



qui épelle le prénom d'Aude (ampoule=A, unijambiste=U, doigt=D, éclair=E).

L'exergue de ce petit livre cite un extrait d'Anna Karénine, où Tolstoï décrit joliment un jeu dont j'ai découvert pus tard qu'il s'appelait "le jeu du secrétaire": il s'agit d'écrire à son partenaire un message réduit aux seules initiales des mots qui le constituent - à l'autre d'essayer de le déchiffrer. Notre jeune séducteur, donc, tente le message suivant (si compliqué qu'il se dit, rassuré, que sa jeune amie ne le comprendra jamais): "Q t m a d n, e c p a s, o p t?" (= quand tu m'as dit non, était-ce pour aujourd'hui seulement, ou pour toujours?), or: "J'ai compris, dit-elle, en rougissant un peu".
Dans les Voyages de Gulliver, un passage peu connu voit notre voyageur arriver au royaume de Lagado (à vérifier, tout ceci, je cite de mémoire) où les autochtones s'expriment à l'aide d'objets réels qu'ils transportent dans des brouettes. Gulliver observe que si les conversations terre-à-terre et concrètes fonctionnent à peu près, en revanche cela se complique lorqu'il s'agit de manier des concepts.
Enfin et avant de conclure je note, et m'en excuse, que j'ai, au risque de lasser mes lecteurs, cité hier une phrase de Ralph Waldo Emerson que j'avais déjà glissée dans un chapitre récent. L'heure tardive que je consacre quotidiennement au blog explique ce radotage comme tous ceux à venir.
Pour compenser donc cette citation usée, et pour développer mon évocation de Morellet dans le chapitre d'hier, je vous propose ce beau palindrome de son invention:
"Rêve: le sot râle, l'art ose lever"
et encore celui-ci:
"Train-train, ni art, ni art"
Et maintenant, pour finir, deux autres architectures du jour, dans le genre lampions.


 
A demain.








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28 février 2005 1 28 /02 /février /2005 00:00
Voici à quoi j'ai l'impression de ressembler ce soir, rentré épuisé, échevelé, à vélo dans le froid et le vent après ma séance de "Dessins animés des meilleures intentions" au Centre.



(ce superbe masque, je l'ai trouvé à Oaxaca, au Mexique).

Alors je me détends en écoutant une nouvelle fois la Clémence de Titus (à la fois par paresse de changer le disque dans l'appareil, et parce que c'est vraiment sublime), et en regardant sans penser à rien par la fenêtre. Ce que je vois de mon bureau, la tour Eiffel avec son puissant rayon lumineux à la Jules Verne,



me rappelle brusquement ce tube de harissa entrevu à la cuisine où je suis monté me servir un remontant,


 


tube qui m'a souvent inspiré pour des dessins de phare, comme pour celui-ci, dans mon livre "Ces Nains portent quoi???????" que j'évoquais hier,



et où je juxtapose dans un masculin-féminin qui aurait amusé le bon docteur F. l'instrument plutôt féminin qu'est la harpe et son anagramme masculine (anagramme est féminin, comme chacun sait!), le phare.

(à propos d'anagrammes, et plus spécialement de palindromes, je veux rendre hommage à un spécialiste du genre, François Morellet - et évoquer ce tout récent souvenir: j'ai dû faire une présentation de mon travail, il y a peu, devant un amphithéâtre plein d'étudiants, aux Beaux-arts de Nantes, et je passais juste après Morellet: eh bien voilà un sort que je ne souhaite à personne, tant cet homme est génial, drôle et brillant!)
Quelle incroyable diversité de tons, d'inspirations, d'atmosphères dans cet opéra de Mozart réécouté pour la centième fois. Quelle merveille, cet air:
"Ah quel poter, oh Dei!
Donaste alla beltà".
("Ah! quel pouvoir, ô Dieux, vous avez donné à la beauté!").
Cette richesse m'encourage dans mon goût du divers, de l'hétéroclite. Et comme il me semble que cela fait bien longtemps que je ne me suis pas adonné à mon penchant pour les citations, en voici deux d'un coup: "Le trajet du meilleur des navires n'est qu'une ligne brisée faite de centaines de bords" (Ralph Waldo Emerson, dans "Self-reliance") - la phrase d'origine, en anglais, dit"zigzag line", ce qui évidemment m'évoque mon cher Rodolphe Töpffer et ses "Voyages en zigzag",



et aussi mon autre cher, Laurence Sterne, et ses digressions, qu'il schématise ainsi dans Tristram Shandy:



La deuxième citation, c'est ce bout de phrase de Dubuffet, qui dénigre les oeuvres répétitives des "artistes dont l'oeuvre n'est que leur propre publicité".
Peu de temps, avec tous ces projets en retard, pour lire ou pour faire de la musique (je joue du violon, depuis toujours, et du hautbois, depuis peu). Voici mon hautbois dans sa boîte:


je le trouve magnifique - mais c'est un véritable jeu de construction pour l'assembler. La plume qui dépasse de son rangement, c'est une plume de faisan, seul type de plume suffisamment rèche pour nettoyer efficacement l'intérieur de l'instrument (on l'y passe comme un écouvillon). Le problème du hautbois, et de ma sonore incompétence de débutant, c'est qu'où que j'en joue, j'ai l'impression de déranger: à la campagne, je fais littéralement braire notre âne Tristram, et à Paris sans nul doute mes voisins.



(Tristram, dont le nom est évidemment un hommage à mon auteur anglais favori, a un compagnon, un mulet, nommé Toby - qui est l'oncle de Tristram dans le livre de Laurence Sterne).




J'ai souvent, et depuis longtemps, dessiné des ânes, comme dans ce jouet (c'est une sorte de pantin: l'image s'anime par un mécanisme simple quand on tire sur la ficelle),




référence au célèbre canular où des tableaux peints par un âne à la queue enduite de peinture avaient été présentés au public comme l'oeuvre d'un peintre italien dénommé Boronali, anagramme d'Aliboron (anecdote décrite dans la géniale Encyclopédie des farces et attrapes, éditée chez Pauvert, hélas introuvable, mais consultable à la bibliothèque Forney). Ou encore dans cette grande lithographie modulaire, imprimée avec Franck Bordas,




répétition d'un même motif (reproduit à gauche) dans les trois couleurs primaires (cyan, magenta, jaune) avec rotation aléatoire des supports carrés entre chaque passage. La pièce s'intitule "Tristram", parce qu'il y est question de trames, et de trichromie.

Je pensais être bref ce soir, or me voici une nouvelle fois bien long!
Mais je ne terminerai pas avant de montrer mon bâtiment préféré du jour, une douillette maison à l'allure un peu indienne, aux murs peints de jolies couleurs et pourvue de deux étages.



A demain!







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26 février 2005 6 26 /02 /février /2005 00:00

Fini ma préparation pour la séance, demain, de "dessins animés des meilleures intentions". Mais pas de répit: il faut que j'enchaîne maintenant avec le projet suivant, fort excitant, qui a pris quelque retard, et dont je parlerai souvent car il va m'occuper à temps plein les jours qui viennent - il s'agit d'une Toile de Jouy revisitée à ma façon. Alors pour aujourd'hui je livrerai seulement et fort indiscrètement quelques pages de notes consacrées à la performance de demain, constatant comme toujours que pour quelques idées simples il me faut en passer par des centaines d'hypothèses que finalement je ne garde pas parce qu'elles sont trop compliquées, et que la simplicité arrive rarement d'emblée, mais est souvent précédée de tout un fatras d'essais confus.










Et voici la construction du jour, joliment simple, d'un qui aime Perriand, Rietveld, Prouvé... ou peut-être n'en a-t-il jamais entendu parler?




A demain.


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26 février 2005 6 26 /02 /février /2005 00:00
Je serai un peu bref aujourd'hui - mille choses à faire, qui ne me laissent guère de temps, et surtout pas hélas celui d'inventer cette machine dont je rêve depuis si longtemps et qui me permettrait de le dilater (le temps) - elle ressemblerait un peu à celle-ci (même design élégant et fonctionnel)



qui sert à diriger les rêves et que j'avais reproduite dans mon livre "Ces Nains portent quoi???????".

Demain je donne au Centre Pompidou ma petite performance de "Dessins Animés des meilleures intentions" et il faut pour cela que je passe la journée à m'entraîner. Il s'agit d'historiettes dessinées devant le public sur une palette graphique et projetées en direct sur grand écran, accompagnées de musiques diverses et variées. C'est le dessin en train de se faire qui raconte l'histoire - comme c'est un peu compliqué à expliquer, je préfère en montrer un exemple, qui n'a rien de très amusant (contrairement, je l'espère, aux dessins que je ferai demain!), mais qui donne une idée du principe:



je procède donc seulement par ajouts successifs - le dernier trait ou détail du dessin fonctionnant comme la chute d'un gag. Certains dessins se construisent par enchaînements de causes et d'effets (par exemple de l'eau qui tombe met en mouvement un petit moulin qui entraîne la rotation d'un tourne-disque etc) qui m'ont été lointainement inspirés par le magistral film "Le Cours des choses" de Peter Fischli et David Weiss. D'autres saynètes encore prennent pour point de départ une oeuvre existante (s'y côtoient Velasquez, Courbet, Vermeer...) à laquelle s'ajoute progressivement un détail dessiné, comme dans ces deux exemples (c'était un premier jet, je ne les ai pas retenus pour demain),



intitulés respectivement "April in Paris" et "Un, deux, trois, partez!" (il s'agit d'oeuvres d'Ingres, bien sûr, et de Millet).

Pour finir, l'architecture du jour,



qui m'a fait un peu songer, ainsi isolée sur son coin de table, à cette belle gravure de Goya.


A demain.

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25 février 2005 5 25 /02 /février /2005 00:00



Il est grand temps de tenir mes promesses de sujets à développer! Je vais les prendre les après les autres, de temps en temps, dans l'ordre, et si j'ai bonne mémoire l'un des premiers sujets en question, abordés à la va-vite avec engagement d'en parler "plus tard", concernait les contrastes.

Le contraste, c'est comme la mise en rapport inhabituelle de deux idées pour en faire jaillir une autre, que j'évoquais l'autre jour, c'est comme le paradoxe, comme le masculin-féminin, bref comme tout ce qui permet le mouvement et la vie.
Et, formellement, c'est un moyen simple pour donner aux choses, formes, couleurs, leur pleine affirmation, par contraste précisément avec ce qui leur est différent.
J'avais été très frappé, dans l'exposition Miro au centre Pompidou l'an dernier, par l'usage constant que faisait Miro des contrastes les plus simples mais aussi les plus efficaces, opposant grand à petit, dessin linéaire à aplats, aplats de contours nets à nuages flous, aplats vifs à fonds salis etc.
Quelques contrastes avec lesquels j'ai joué pour ma part dans l'exposition (pardon pour cette juxtaposition avec l'illustre précédent qui peut paraître bien présomptueuse!) opposaient
- le plafond haut de la première salle et son ouverture vitrée vers l'extérieur avec le plafond bas de la seconde et son atmosphère plus intime;
- les trajets courbes des cartes murales avec les petits carrés qui les constituent;



- les contours arrondis des tables avec le volume parallélipipédique des petits modules;

- la grande taille des tables et l'ampleur de l'espace avec la petite taille des modules;
- la couleur neutre du bois avec celle, vive, des plateaux des tables, des plastiques et des mousses;
- l'univers subjectif et permanent des cartes murales avec celui, collectif et impermanent, des constructions sur les tables;
- sur les cartes murales, les trajets perceptibles de loin avec les détails découverts de près (ce dernier contraste est aussi celui que j'avais utilisé pour le livre "Papier Imprimé" édité l'automne dernier par le Musée de l'objet à Blois, livre-classeur déployable au mur dont voici la vue générale





et un détail









A propos de contrastes, j'ai vu aujourd'hui la très belle exposition d'une artiste japonaise dont j'apprécie beaucoup le travail, Yu Matsuoka. A ne pas rater: c'est jusqu'au vendredi 25 février, 10-20h, à la "galerie gauche" à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Yu Matsuoka fait un usage constant et savant des contrastes: par les techniques abordées, peinture, dessin, photo (je pensais à Picabia: "Il faut être beaucoup de choses"; "il faut être nomade, traverser les idées comme on traverse les pays et les villes"), par les tailles, petits et grands formats, par l'accrochage, diversement dense et serré, par les points de vue sollicités, proche ou lointain (comme dans ce grand dessin, dont le détail laisse deviner le tracé patient, visible de près seulement)





ou encore, dans le tableau au centre de cette vue générale, contraste entre la lumière de l'or et le ton terne du fond.




Cette dernière peinture fait usage du motif très chinois-japonais du nuage qui partage non sans ambiguïté la surface peinte entre figure et fond ou entre plein et vide - je pense à Arp et à sa "Urform" (courbe et contre-courbe) à laquelle j'ai souvent songé lorsque je dessinais des formes biomorphes comme celles de mon livre "Animaux"





A propos de Arp, qui s'intéressait beaucoup au nombril tant comme symbole que comme forme, je lui ai rendu un modeste hommage en situant au centre exact du mur de la seconde salle un nombril photographié



(les observateurs attentifs remarqueront aussi une oreille et un oeil).








Je saute du coq à l'âne (mais en fait que veut dire cette expression? Signifie-t-elle: parler de choses sans rapport l'une avec l'autre? Or n'y a-t-il pas mille rapports entre le coq et l'âne: ils vivent tous deux à la ferme, leurs noms sont composés tous deux de trois lettres etc. bref, lorsque l'on saute du coq à l'âne - le bon docteur Freud en me contredira pas - il s'y trouve toujours plus de raisons que l'on ne croit) - donc, à propos du Japon, et de mon goût pour les jeux sans règles: je me dis que j'ai toujours été très attiré par les jeux auxquels je ne comprenais rien, comme ces planches japonaises achetées jadis aux Puces




qui semblent inviter à quelque jeu très précis qui m'est d'autant plus attirant qu'il est mystérieux -comme souvent les oeuvres que j'aime, ou les personnes ("Les gens gagnent à être connus, ils y gagnent en mystère" écrivait Paulhan).

Et encore, à propos de contrastes et de Japon, j'ai un vif goût pour ce que les connaisseurs appellent les "Yokohamae", ces estampes qui datent de l'immédiate après-ouverture du Japon à l'Occident, et où l'on voit dépeint le monde occidental avec le vocabulaire traditionnel de l'estampe, comme ce joli exemple déniché il y a quelques années à Tokyo:










Enfin, et pour conclure, voici l'architecture du jour,




qui m'a touché car elle m'évoque un peu ces pavillons d'allure chinoise qui ornent certains carreaux de Delft (une autre de mes références chéries) - je n'en trouve pas à l'instant d'exemple exact dans ma documentation, mais je reproduis celui-ci



et aussi celui-là




acheté il ya quelques années dans cette ville exquise, et dont le motif n'est pas sans rappeler, par sa forme (voire par sa thématique), le bel arbre d'hier.

A demain.





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24 février 2005 4 24 /02 /février /2005 00:00








Ouf! La parlotte que je devais faire aux Arts-déco à propos de mes livres ne s'est pas trop mal passée. Du moins je crois que je n'ai pas eu sur l'assistance l'effet dépeint par Töpffer dans ce dessin, qui me hante souvent dans ces circonstances:




(tout le monde y dort, sauf un auditeur au premier rang et un au second).

Dans le même livre de Töpffer, "Histoire de Mr Pensil", je tombe sur l'incroyable page que voici:



on dirait l'un des innombrables modules posés sur les tables de l'exposition, soudain animé de vie et pourvu de bras. Peut-être le soir venu et les visiteurs partis l'ensemble de mes petits objets s'anime-t-il de cette manière!
Je me permets de reproduire ces dessins car le livre dans lequel ils figurent est suffisamment ancien (1860) pour échapper aux contraintes liées aux droits d'auteur. Pour être très franc, je n'ai jamais réfléchi très sérieusement à cette question, mais honnêtement je trouve dommage de ne pouvoir reproduire librement ici les images que je voudrais montrer, comme l'écrivain qui a un "droit de citation" très libre, lui permettant de citer tant de lignes (je ne sais plus le nombre exact). J'utilise volontiers comme signature ce monogramme (que j'ai d'ailleurs apposé au dos de mon Coxcodex 1), qui dit assez ma position sur ce sujet du copyright.


Un des intervenants aujourd'hui était Marie-Ange Guilleminot, dont j'admire beaucoup le travail, accompagnée d'Yves Jammet - elle nous a fait la grâce de fabriquer ce joli origami sous l'objectif du rétroprojecteur.








Comme je montrais au public quelques-unes de mes cartes modulaires dont les éléments carrés peuvent s'assembler en n'importe quel sens comme des carreaux de céramique,




deux jeunes designers (travaillant sous le nom astucieux de Dasein - je suis un peu jaloux de cette trouvaille, mais aurais-je osé?) sont venus me montrer un de leurs travaux, troublant de similitude avec ceux que je viens de citer: une carte d'un Paris fictif, carte carrée, qui s'agence en tous sens avec ses reproductions.

Dans le même genre, voici une quadruple affiche que j'ai réalisée récemment pour une quadruple exposition à Troyes, dans quatre lieux différents, et quelques-unes de leurs dispositions possibles.














Je saute du coq à l'âne: hier je parlais de la maison d'édition de CD audio pour laquelle je venais de terminer une couverture (pour des poèmes de Mallarmé). Je retrouve à l'instant mes esquisses pour le logo de cette maison, les voici (c'est un exemple de trouvaille particulièrement rapide - c'est rare qu'en deux pages de recherches j'arrive ainsi à mes fins):



Et voici le logo final:




Ce logo me fait penser aux coulures que j'observe les jours de pluie dans jardin près duquel nous habitons:











Il y a quelques jours je reproduisais un curieux arbre photographié en notre campagne. En faisant le ménage dans mon Mac je retrouve aujourd'hui celui-ci, que j'aime beaucoup aussi, dans un registre plus comique.









Enfin, voici l'architecture du jour




qui m'évoque pêle-mêle la spirale du musée à croissance illimitée de Le Corbusier, et les volutes et spirales que l'on peut dessiner à la toupie - en voici un exemple



réalisé à l'aide de grandes toupies en carton dont l'axe est une brosse dure trempée dans de la peinture rose. Et toupie est l'anagramme d'utopie!
J'adore les toupies. Charles et Ray Eames les colectionnaient. Ils en ont fait un très beau film. Et j'ai vu l'an dernier une très belle vidéo du Mexicain Miguel Angel Rios, "A Morir", qui montrait un combat de toupies au Mexique. La toupie dessine des spirales, signe de croissance et de vie

et voici un mystérieux objet acheté dans un magasin de pêche et dont j'ignore tout à fait l'usage.









J'écoute à nouveau la magnifique "Clémence de Titus" de Mozart. Voici une affiche que j'ai réalisée il ya quelques années pour cet opéra.




A demain.






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23 février 2005 3 23 /02 /février /2005 00:00
Je ne serai pas bien long ce soir car il est déjà tard et je me lève de très bonne heure.
Longue journée occupée à quinze mille travaux qui avaient pris du retard à cause de l'exposition - une couverture de CD pour un enregistrement de poèmes de Mallarmé: la voici





j'ai de la chance, j'ai trouvé assez vite, après
les quelques esquisses que voilà (ça ne va pas toujours aussi facilement):


 





Et voici quelques autres couvertures que j'ai réalisées pour le même éditeur:





L'idée pour la couverture de Mallarmé m'a été inspirée par son poème "Un coup de dé", à la mise en page très nouvelle pour l'époque (il date de 1870 environ), les lignes des vers flottant assez éparses sur l'espace blanc de la page; en voici une édition moderne





(et c'est aussi un modeste hommage à l'artiste belge Marcel Broodthaers que j'aime beaucoup et qui avait lui-même rendu hommage à Mallarmé en retraçant avec des lignes épaisses sur un livre en calque la disposition de ses vers).
Puis il m'a fallu réfléchir à une idée d'affiche pour une exposition au Japon le mois prochain. Comme ce sera une exposition assez foisonnante avec toutes sortes de mes travaux de périodes et de champs divers, j'ai eu l'idée de ce collage un peu touffu,



réalisé à partir de nombreuses oeuvres existantes, me souvenant d'un accrochage récent que j'ai fait dans une exposition à Bologne en Italie, juxtaposant des travaux divers et assez disparates et les unifiant par un dessin de carte géographique et de flèches tracé au crayon sur le mur:




Enfin, j'ai préparé cet après-midi une petite conférence que je dois donner demain aux Arts-déco au sujet de mes livres. J'ai procédé comme toujours avec des petits bouts de papier découpés, déplacés, collés, exactement comme un jeu de construction!








Cela dit, cela m'effraie toujours un peu, de parler en public. Me console l'exemple de Paul Klee qui, paraît-il, était si timide qu'il faisait ses cours au Bauhaus le dos tourné vers ses élèves! (et c'est aussi pour cela que, incapable d'improviser, il rédigeait à la virgule près ses cours - ce qui nous vaut aujourd'hui de pouvoir lire ses merveilleux textes).
Pour ma part, je préfère improviser à partir de notes très succinctes. J'espère que je me souviendrai demain de ce que je voulais dire! Je crois que je ferais un bien piètre comédien. A propos de comédien et de mémoire - hier dans l'exposition il y avait un merveilleux théâtre, avec des gradins, des colonnes, une scène, une avant-scène, des coulisses: une merveille! En voici la photo pour mémoire:



car sans doute ce merveilleux théâtre n'existe-t-il plus ce soir, ses éléments déjà recyclés pour d'autres constructions.

J'emprunte le titre d'aujourd'hui à ce vieux procédé mnémotechnique, analysé par Frances Yates dans son bel "Art de la mémoire" - livre qu'adorait Dubuffet, qui a peint lui-même des Théâtres de mémoire - et où il est question de ces architectures complexes qu'imaginaient les Anciens pour s'aider à retenir les différentes parties de leurs interminables discours.
Demain, aux Arts Déco, j'utiliserai comme support mnémotechnique le beau théâtre vu hier. Merci à son génial architecte.
A demain.


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21 février 2005 1 21 /02 /février /2005 00:00



L'atelier rangé, le temps est venu d'organiser mon programme pour les projets suivants, dont plusieurs ont déjà pris mal de retard.
Je passe toujours beaucoup de temps et j'accorde beaucoup de soin à établir mes emplois du temps. Je ne me sens vraiment libre et tranquille pour travailler que quand mon emploi du temps est soigneusement balisé - même si dès les premiers instants je m'écarte généralement de ces balises - tout comme le voyageur ose d'autant plus aller à l'aventure qu'il est équipé de bonnes cartes ("A plan is nothing, planning is everything" disait Churchill - pardon une nouvelle fois pour mon usage constant des citations! - "un programme ce n'est pas grand-chose, faire des programmes c'est essentiel", et puisqu'on est dans les citations, en voici une autre, de Duchamp, que j'ai empruntée comme titre pour aujourd'hui: "Ma plus belle oeuvre c'est l'emploi de mon temps").
Les rapports entre cartes et calendriers sont évidents: carte du temps, carte de l'espace...








Je n'utilise pas d'agendas mais des feuilles A4 pliées en deux dont chaque quart est consacré à un jour. Rapidement ces feuilles se trouvent recouvertes de nombreuses couches de petits papiers fixés avec du scotch, résidus de précédentes feuilles A4 regroupant toutes les tâches non accomplies, et recyclés souvent des mois durant lorsqu'ils comportent les corvées les plus pénibles et que je n'arrive pas à accomplir. Parfois, ces ajouts disparaissent à tout jamais: en effet, je n'écris qu'au crayon (un porte-mine 0,5 pour pouvoir écrire tout petit) et après mille collages répétés certaines tâches finissent par devenir tout à fait illisibles. Un code immuable régit cette organisation journalière: un cerne vert indique ce qui est à accomplir dans la journée, un jaune ce qui peut attendre, enfin dans un coin un partage soigneusement minuté du temps règle la journée de 9h à 1h du matin pour les jours chanceux où je ne suis distrait par rien (mais je vous rassure tout de suite: ce "travail" comprend promenades, lectures, dessin, musique, rêvasseries, tous soigneusement planifiés toutefois, pas un jour ne s'achevant sans que je sache de quoi sera fait, en principe, le suivant).




Je conserve toutes ces feuilles d'emploi du temps car je les trouve jolies, et j'ai le projet de les utiliser un jour comme papier peint ou comme fond pour des peintures ou des dessins. Mais je n'en ai pas encore trouvé l'occasion - et je me sens un peu bloqué par le fait que tant d'artistes ont utilisé le thème du calendrier - je pense notamment aux beaux agendas raturés de Buraglio.
De manière générale j'aime beaucoup les diagrammes. Par exemple voici le beau planning établi par Amandine, chargée de production pour cette exposition;



je le trouve particulièrement seyant, et il donne une bonne idée de la complexité de la mise en oeuvre d'une exposition comme celle-ci, même si elle est sûrement mille fois moins complexe que d'autres.

Et voici un diagramme de ma main destiné à la la fabrication d'un de mes livres, "Ces Nains portent quoi???????".



Mais comme je suis déjà un peu long, j'en expliquerai le principe une autre fois, c'est promis.

Un mot encore sur les cartes en gommettes qui ornent les murs de l'exposition. Mon inspiration a été double: j'ai pensé aux paravents que confectionnait Andersen avec des images découpées dans des journaux, que j'ai vus quand j'étais enfant dans une exposition à la Maison du Danemark et que je n'ai jamais oubliés (on aurait dit des collages Dada avant la lettre, une prémonition géniale de Schwitters ou de Hannah Höch);



et j'ai pensé aussi aux "scrapbooks" que confectionnait ma grand-mère, austère dame hollandaise et peintre assez académique, qui se lâchait une fois par an, à Noêl, en nous confectionnant, à mon frère, ma soeur et moi, de jolis cahiers pleins d'images qu'elle trouvait dans des magazines et qu'elle assemblait sans ordre apparent (ni sous-jacent d'ailleurs).



J'ai publié il y a quelques mois au Musée de l'objet à Blois un livre qui permet de reproduire au mur une grande carte de même genre que celle qui occupe les murs de l'exposition (contenue sous forme de feuillets A4 dans le livre, qui est en réalité un classeur), et j'ai dédié le tout, intitulé "Papier imprimé", à Hans Christian Andersen, et à Francina Noorthoorn van der Kruyff, ma grand-mère. Nous adorions ses livres plus que tous autres, sans doute parce que leur caractère parfois involontairement loufoque (par exemple cette curieuse double-page qui nous plongeait toujours dans le doute: pourquoi des souliers et des roses?)



et l'absence totale de texte nous laissaient libres d'imaginer ce qui nous plaisait.

Plus tard j'ai trouvé amusant de faire le rapport entre cette page



et la célèbre phrase de Lautréamont chère aux surréalistes, "Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'un parapluie et d'une machine à coudre", que vraisemblablement ma grand-mère ne connaissait pas.

J'arrête là, non sans avoir inclus le bâtiment du jour (en fait j'en ai choisi deux aujourd'hui: un dans le genre simple, un autre dans le genre compliqué).



A demain.
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