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Des questions ?

Bienvenue sur ce blog, réalisé à l'occasion de l'exposition Jeu de construction, à la Galerie des enfants du Centre Pompidou, du 16 février au 9 mai 2005.

Grâce à ce blog, j'espère vous permettre de mieux comprendre mon travail, et surtout avoir la possibilité de dialoguer avec vous, et recueillir vos impressions.

Paul Cox

 

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28 février 2005 1 28 /02 /février /2005 00:00
En début cette fois-ci, plutôt qu'en conclusion, ce bel assemblage de mousses (comme les ordinateurs de l'exposition s'affichent, au repos, sur le début de page, cela fera une belle note colorée sur le mur).



Quelques jours de travail intense (sur les dessins animés et sur ma "Toile de Jouy") ont suffi à réinstaurer un beau désordre dans l'atelier (je dis "beau" à dessein et au sens littéral, car je le trouve en effet assez beau):




En réalité ce n'est pas vraiment un désordre mais plutôt un ordre plus compliqué, dont je ne perçois pas au premier coup d'oeil la logique. Cela demande quelque entraînement pour s'y retrouver - entraînement que je pratique volontiers quand je regarde au dehors en rêvassant. Par exemple la vue de ma fenêtre, que je montrais hier de nuit - la voici photographiée en plein jour:




- vue assez complexe, dont je m'amuse souvent à repèrer les constantes, les rythmes, les "patterns". Par exemple des diagonales penchées à gauche, à droite, ou de grandes horizontales.




C'est un exercice très amusant (un peu comme quand, occupé d'un sujet qui vous tient à coeur, il arrive qu'on le trouve évoqué partout, dans la moindre lecture, dans la moindre conversation). J'ai trouvé un énoncé très similaire de cette pratique dans un joli livre de l'artiste Claire-Jeanne Jézéquel destiné aux enfants (malheureusement je n'en retrouve pas pour l'instant le titre ni l'éditeur), plein de choses du même genre pour apprendre à mieux percevoir les formes.

J'ai toujours l'impression, quand je regarde les paysages ainsi, de vivre dans un monde de trames superposées et entrecroisées, comme au milieu d'une collection imbriquée de jeux de construction de marques différentes, Lego, Meccano etc.



C'est pourquoi j'aime tant par exemple les dessins de Van Gogh, notamment ses paysages de Montmajour, où l'on trouve une infinie diversité de trames faites de points, de petits traits, de virgules, de hachures, ou encore de Shitao, dont voici le détail d'un de ses plus fameux paysages




(à propos de Shitao, Pierre Ryckmans a cette jolie phrase: "il convoque le réel", qui me fait penser à celle-ci, de Serge Daney, pour qui la "création" artistique consiste à "inventer ce qui existe").

Plus près de nous, Jason Rhoades, Tomoko Takahashi, Sarah Sze, Chris Burden et ses planètes faites de maquettes agglutinées et de chemins de fer miniatures, ou Tinguely, me réjouissent tous par leur profusion et leur apparent désordre.
Le sociologue Jean-Paul Filiod, dans son joli livre "Le désordre domestique", observe la fréquence de la phrase "Ne faites pas attention au désordre" prononcée lorsque sont accueillis des visiteurs; pour lui l'ordre est provisoire, le désordre l'état naturel. On n'est pas loin de l'entropie qu'a étudiée l'artiste américain Robert Smithson (le sous-titre du livre de Filiod dit d'ailleurs "Essai d'anthropologie", qui m'a inspiré le mauvais jeu de mot d'"entropologie" pour titre de cette livraison).
Smithson trouve aussi sa place dans ma rêverie du soir à un autre titre, puisqu'il considérait (ainsi que le cite Jean-Pierre Criqui dans son livre "Un Trou dans la vie") le langage comme un véritable matériau à assembler. L'alphabet comme jeu de construction, le plus beau des jeux de construction...
Je me suis pour ma part amusé à inventer plusieurs alphabets fictifs, comme celui-ci, dans mon petit livre "A Cyphered message",



qui permet d'écrire une phrase comme celle-là




(il faut épeler la phrase dans l'ordre des numéros).

Un autre exemple:



qui épelle le prénom d'Aude (ampoule=A, unijambiste=U, doigt=D, éclair=E).

L'exergue de ce petit livre cite un extrait d'Anna Karénine, où Tolstoï décrit joliment un jeu dont j'ai découvert pus tard qu'il s'appelait "le jeu du secrétaire": il s'agit d'écrire à son partenaire un message réduit aux seules initiales des mots qui le constituent - à l'autre d'essayer de le déchiffrer. Notre jeune séducteur, donc, tente le message suivant (si compliqué qu'il se dit, rassuré, que sa jeune amie ne le comprendra jamais): "Q t m a d n, e c p a s, o p t?" (= quand tu m'as dit non, était-ce pour aujourd'hui seulement, ou pour toujours?), or: "J'ai compris, dit-elle, en rougissant un peu".
Dans les Voyages de Gulliver, un passage peu connu voit notre voyageur arriver au royaume de Lagado (à vérifier, tout ceci, je cite de mémoire) où les autochtones s'expriment à l'aide d'objets réels qu'ils transportent dans des brouettes. Gulliver observe que si les conversations terre-à-terre et concrètes fonctionnent à peu près, en revanche cela se complique lorqu'il s'agit de manier des concepts.
Enfin et avant de conclure je note, et m'en excuse, que j'ai, au risque de lasser mes lecteurs, cité hier une phrase de Ralph Waldo Emerson que j'avais déjà glissée dans un chapitre récent. L'heure tardive que je consacre quotidiennement au blog explique ce radotage comme tous ceux à venir.
Pour compenser donc cette citation usée, et pour développer mon évocation de Morellet dans le chapitre d'hier, je vous propose ce beau palindrome de son invention:
"Rêve: le sot râle, l'art ose lever"
et encore celui-ci:
"Train-train, ni art, ni art"
Et maintenant, pour finir, deux autres architectures du jour, dans le genre lampions.


 
A demain.








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