La décourageante perspective d'avoir à trier toutes les choses accumulées au fil des dernières semaines, aggravée par la fatigue due au décalage horaire, me donne l'apparence aussi cloche que le masque ci-dessus, vu au musée d'art populaire de Séoul.
A propos de cloche, je comprends, en revoyant à la maison certains tableaux comme celui-ci,
pourquoi je suis si sensible aux ouvertures en forme de cloche dans certains temples japonais: mes coulures en répètent la forme, inversée.
Mais malgré la fatigue, je n'ai pas résisté à l'envie de tester mon nouveau pinceau à plumes de coq que j'évoquais hier, remettant à demain le rangement urgent de mon désordre. C'est un outil très étonnant: l'écartement imprévisible et changeant des plumes laisse une trace irrégulièrement striée et permet de dessiner d'un seul coup de pinceau un grand nombre de lignes plus ou moins parallèles. Il faudrait que j'en offre un à Bernard Frize, que cela intéresserait certainement. Voici mes premiers essais.
Comme je l'expliquais il y a quelques jours, toutes les affiches sont uniques, Franck ayant imprimé les deux cents exemplaires en changeant graduellement la couleur dans les encriers. Et bien qu'une partie d'entre elles soit destinée à l'accrochage dans la rue, nous avons pris le parti de toutes les signer et les numéroter - je serais très flatté que quelque amateur praguois décolle nuitamment les exemplaires apposés sur les murs de sa ville. Nous avons presque toujours joué ainsi avec les conventions de la numérotation et de la justification de tirage, dans les divers projets menés avec Franck Bordas. Pour les Oeuvres Romanesques complètes, par exemple, dont les cent-dix exemplaires étaient à la fois identiques et différents, nous avions imaginé le colophon suivant:
Une autre fois (ce n'était pas avec Franck Bordas, mais avec La Pierre d'Alun), j'avais eu l'idée, à la seule fin d'égayer un peu le colophon d'un ouvrage regroupant dans ses tirages de tête quelques estampes, d'imprimer l'image que voici
(il s'agit d'un lino, et d'un authentique poil collé sur le tirage - Glumdalclitch étant le nom de la maîtresse de Gulliver lorsqu'il séjourne chez les géants de Brobdingnag), ce qui a permis de conclure plaisamment le colophon de la manière suivante:
(j'ai découvert plus tard que l'étrange ouvrage de Pierre Bettencourt, "Les Plaisirs du roi", était accompagné dans son tirage d'origine "d'une boucle de poils de sa majesté").
Aujourd'hui, en guise d'architecture du jour, je vous propose ces jolies pages d'introduction d'un ancien manga, "Nora-kuro" de Suiho Tagawa (qui se lisent de droite à gauche).
A demain.