mais heureusement il n'est pas arrivé à temps pour que j'en tire bénéfice.
J'ai en revanche beaucoup appris des claires paroles de Matali Crasset et de Jeanne Quéheillard qui participaient aussi à cette table ronde.
Et j'ai immédiatement noté dans mon carnet la jolie phrase d'Alexandre Delay: "Qui perd ses clefs gagne un peu de place dans sa poche" (et j' ai vivement apprécié cette autre, digne de Jacotot, et bien plaisante dans la bouche du directeur pédagogique - est-ce le terme exact? - qu'est Alexandre: "Obtenir son permis de conduire ne prouve pas que l'on sait conduire, mais que l'on est capable d'obtenir son permis de conduire").
Il a beaucoup été question de technique ces deux jours-ci dans les discussions - connaître une technique favorise-t-il l'invention d'un projet? La réponse est oui évidemment, à mon sens, et j'aimerais citer cette phrase de Bruno Munari: "Mon point de départ c'est toujours la technique, pas l'art. Souvent les gens partent d'une idée, et souhaitent la réaliser à tout prix. Ma méthode n'est pas celle-là. Si vous partez de la technique, vous savez où vous pouvez aller".
Savoir où l'on peut aller n'interdit pas de flâner en chemin, bien au contraire, puisque l'on possède cette sécurité. Ainsi le voyageur, ou notre explorateur, connaissant sa possible destination, peut se permettre, rassuré sur ce point, de divaguer à loisir. (A propos de loisir, Robert Filliou: " Que font les artistes? Ils organisent leurs loisirs de façon créative... L'art est une forme de loisir organisé. Le fait que cela puisse aussi représenter un dur labeur... n'invalide pas, selon moi, cette proposition. La même chose s'applique au ski, au football ou encore à l'amour".
Et à propos d'explorateur - je promettais hier d'expliquer pourquoi j'avais tant d'affection à son égard: c'est qu'il me rappelle non seulement la nécessité d'expérimenter sans cesse, d'aller où je ne suis pas encore allé et où je ne me savais pas capable d'aller, mais aussi celle d'explorer un sujet à fond - Matisse parlait, je crois, de "fatiguer le sujet" - j'aime pour cela la fatigue qui, comme l'ivresse ou l'état amoureux, met au jour une éventuelle misère qui impose d'aller à l'essentiel, sans attendre.
Encore une chose, pour conclure sur notre explorateur: ceci, cité dans "Un trou dans la vie", de Jean-Pierre Criqui, déjà cité: le conseil du dieu Tezcatlipoca à Robert Smithson (déjà cité lui aussi, et grand amateur de spirales!): "Tu dois voyager au hasard, comme les premiers Mayas. Tu risques de te perdre dans les fourrés, mais c'est la seule façon de faire de l'art".
Enfin, voici l'ouvrage d'art du jour:
A demain.