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Des questions ?

Bienvenue sur ce blog, réalisé à l'occasion de l'exposition Jeu de construction, à la Galerie des enfants du Centre Pompidou, du 16 février au 9 mai 2005.

Grâce à ce blog, j'espère vous permettre de mieux comprendre mon travail, et surtout avoir la possibilité de dialoguer avec vous, et recueillir vos impressions.

Paul Cox

 

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10 mars 2005 4 10 /03 /mars /2005 00:00





Aujourd'hui jeudi, dit jour du jeu - je sais bien que ce n'est pas là l'exacte étymologie, mais il me plaît de me dire qu'il en est ainsi: le jeudi est mon jour de congé, par habitude d'enfant (quand j'étais petit, le jeudi était notre mercredi) et de préférence au dimanche ou au samedi, que j'aime consacrer au travail par goût du contraste avec ceux qui se reposent. Mais il y a bien longtemps que je n'ai pris un jeudi de congé: trop de retard dans tous les chantiers en cours.

Hier, devant les élèves de seconde, j'ai à plusieurs reprises cité cette phrase de Paul Klee: "Ce que je fais m'apprend ce que je cherche" (il y a longtemps, me semble-t-il, que je n'ai pas parlé du "Maître ignorant" de Jacques Rancière, alors je me permets au passage d'en citer ce petit morceau, que j'espère ne pas avoir déjà évoqué - auquel cas, voici mes excuses, mais comme ce passage est tout à fait stimulant, mon embarras serait moindre: "Qui cherche trouve toujours. Il ne trouve pas nécessairement ce qu'il cherche, moins encore ce qu'il faut trouver. Mais il trouve quelque chose de nouveau à rapporter à la chose qu'il connaît déjà".)
Or il se trouve que je dois demain rencontrer un journaliste charmant qui souhaite interroger quelques contemporains sur l'influence qu'a pu exercer sur eux Paul Klee. Klee m'intéresse à plusieurs titres, j'en reparlerai sûrement. Je me suis acheté récemment le joli petit livre qui reproduit ses notes de cours au Bauhaus et j'y ai lu comme une consolation que si ces notes existent sous une forme aussi claire et appréciable par le lecteur, c'est que Klee était si timide qu'il avait besoin de rédiger ses cours à la virgule près, et qu'il les donnait, nous apprend la préface, le dos tourné à ses étudiants!
J'aime beaucoup, chez lui, la notion de polyphonie (Klee était musicien, excellent violoniste, et n'a cessé de réfléchir aux concordances entre musique et peinture): je résumerai ici cette notion de polyphonie trop brièvement sans doute, mais en gros elle concerne ces compositions "à plusieurs voix", tableaux faits d'ensembles et de sous-ensembles, de mélodies et d'accompagnements, mais lisibles, au contraire de la musique, instantanément et simultanément, transcription en deux dimensions d'un monde à la fois spatial et temporel.
Ensembles, sous-ensembles, lignes principales et secondaires: j'ai trouvé un exemple de ces constructions dans le joli dessin aperçu hier sur le plan d'eau glacé dans le jardin à côté de la maison:



Cette hiérarchie des lignes, on en trouve souvent l'exemple dans les formes naturelles bien sûr, craquelures de céramique ou gerçures de terre séchée.

J'ai souvent cela en tête quand je dessine dans mes carnets:



Et j'ai en mémoire un magnifique exemple de dessin progressivement développé à partir de quelques lignes de départ: je pense à l'une des séquences du film de Clouzot où l'on voit Picasso dessiner - ou plutôt où l'on voit un dessin de Picasso en train d'être tracé. Je me suis inspiré de cela, très modestement - loin de moi l'idée de m'y comparer "le moindrement" (comme dirait Dubuffet), pour certaines séquences de mes "Dessins animés des meilleures intentions", et notamment pour celle-ci, qui en est le générique:




Ce sera tout pour aujourd'hui, c'est un peu plus court que les autres jours, mais il faut vraiment que j'avance sur l'affiche pour Prague et sur l'exposition de Tokyo. Alors voici, pour conclure, l'architecture du jour:




Les tasseaux doucement incurvés, dans cette construction, ressemblent à des toits de pagode inversés. J'ai lu quelque part que la courbe si caractéristique des toits asiatiques n'était pas le fruit d'une simple décision esthétique mais le résultat d'une donnée structurelle, la charpente faite de bambou souple fléchissant sous le poids des tuiles.




Et cet exemple de matériau qui dicte une forme me ramène à mon point de départ: "ce que je fais m'apprend ce que je cherche"!

Enfin puisqu'il est question, dans ma séquence de "Dessins animés des meilleures intentions", de trou de serrure, et dans le paragraphe précédent, d'architecture et d'Asie, il me vient à l'esprit la synthèse suivante: ces mystérieuses constructions, tertres funéraires que l'on trouve au Japon, en forme de trou de serrure:



Et je poursuis mon enchaînement d'associations d'idées en me souvenant d'un trou de serrure que j'ai représenté dans mon "Histoire de l'art"




et aussi de ceci,




dont je ne vous livre pas pour l'instant l'explication, mais que je vous commenterai demain.

At tomorrow, donc.






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commentaires

D
Bonjour Monsieur Cox,<br /> Je lis (en 2020) avec intérêt cet article et la citation de Paul Klee que vous développez. Citation ô combien inspirante aujourd'hui, pour tout travail de recherche (dans mon cas il s'agit d'orthophonie).<br /> Cependant, j'ai du mal à situer cette citation dans l'oeuvre de Paul Klee. Dans quel ouvrage l'avez vous trouvée ? Il semble que Pierre Soulages l'ait aussi faite sienne : "C'est ce que fais qui m'apprend ce que je cherche" aurait-il déclaré en 2009, sans citer Klee, pour le coup... <br /> Je vous remercie par avance de votre partage de sources. Je veux bien rendre la parole à Paul plutôt que de la donner à Pierre :) Merci !
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