ou:
pour se jeter à leau
Je commence ce soir le premier chapitre de ce blog - exercice très inhabituel: je prends depuis toujours beaucoup de notes, mais sous une forme incompréhensible, sans doute, sinon de moi seul, et constituées davantage dimages que de textes.
Je vais imaginer que jécris des lettres à quelquun que jaime, et à qui jai envie de livrer le détail de tous mes travaux en cours.
Sans doute y aura-t-il dans ce journal beaucoup de citations. Par exemple le titre de ce premier chapitre en comporte une. Je ne suis pas sûr de lexactitude de ces citations, car elles seront le plus souvent faites de mémoire. La citation, cest une excellent «prétexte» (ce qui vient avant le texte, ce qui amène le texte). Un auteur que jaime plus que tous, Montaigne, et qui faisait grand usage de citations, sen expliquait ainsi : «Je ne dis les autres que pour mieux me dire moi-même». Et jai lu récemment que Jacques Lasalle, un homme de théâtre que jaime beaucoup aussi, dispensait son enseignement à partir de citations, qui lui servaient de tremplins pour développer sa propre pensée.
Quant aux deux images dont jorne ce premier titre, elles sont extraites de mon livre «Cependant... le livre le plus court du monde», publié aux éditions du Seuil. Le feu et leau: jaime les contrastes, jen reparlerai plus tard. Il y a beaucoup de choses dont jaimerais parler plus tard: les cartes géographiques, les auteurs que jaime - Töpffer en particulier, la musique (jécoute en écrivant cette première livraison un magnifique opéra de Mozart; la Clémence de Titus), le hasard, la promenade, la lecture...
Jaimerais aussi montrer beaucoup dimages dartistes que jaime, mais,malheureusement il y a un souci: on na pas le droit de montrer librement sur internet toutes les images que lon trouve dans les livres (je vis entouré de livres, que jouvre, aux pages que jaime, étalés sur de nombreuses tables, et je passe beaucoup de temps à faire ce que jappelle familièrement «de la doc», cest-à-dire à regarder attentivement les livres de ma bibliothèque). Alors je décrirai le mieux possible ce que je ne peux montrer, ou je le dessinerai parfois .
Mais pour aujourdhui, jaimerais parler un peu de la préparation de lexposition «Jeu de construction», dont la mise en place touche à sa fin (le vernissage a lieu dans quelques jours). Je suis en train de ranger mon atelier, et notamment toutes les feuilles de notes qui constituent le dossier «Beaubourg», fort à ce jour de plusieurs centaines de pages. Le voici:
Chacun de mes projets est toujours accompagné dun dossier comme celui-là. Jy note tout, de manière assez méthodique. Cela commence, en général,par des listes
classées par catégories: P pour «possibilités» (tout ce que je pourrais faire, et parmi quoi il sagira de choisir), M pour «Méthode» et où je note des moyens possibles de choisir parmi les très nombreuses idées notées dans P (le problème du choix parmi les milliers didées possibles est toujours une torture: jy reviendrai), C pour «Critères» (par exemple; «il faut que ce soit fabriqué rapidement: le vernissage est dans quinze jours», ou «essayer de se mettre à la place de X, qui me commande ce travail» ou encore «faire quelque chose que jaurais envie dacheter si je le voyais dans une exposition» etc. etc.) et enfin MOD pour «Modèles», où je liste les noms des gens que jadmire sur le moment et dont la compagnie mencourage (des noms qui revienne souvent: Töpffer, mais aussi Dubuffet, Sterne, Munch, et des centaines dautres). Jaime bien cette idée de vivre en compagnie despèces danges gardiens, comme les gens qui ont sur leur bureau ou sur leur mur le portrait dun personnage quils admirent. Mon père, qui est musicien, me disait souvent ceci, quand jétais enfant, et qui mest resté: «Quand jai terminé de composer un morceau, me disait-il, jimagine que lon frappe à la porte, et que cest Bach en personne qui entre, et à qui je présente mon morceau nouvellement composé: oserais-je seulement le lui faire entendre?»
Après ces pages de listes, mon dossier comprend de très nombreuses pages où se mêlent notes écrites et dessins, dont voici un exemple:
ou encore celui-ci
Jarrête là pour aujourdhui ces indiscrètes révélations, car il faut que ne me couche pas trop tard pour terminer dinstaller demain les choses sur les murs de lexposition. A demain.